Me voici revenue de 10j de retraite à l'école de Mère Térésa. Et quelle retraite! je pense qu'il n'y a pas assez de mots pour traduire tout ce que j'ai vécu pendant ces 10j. Essayons de le voir en 3 points:
- un groupe. Nous sommes partis à 12, encadrés d'un prêtre. Ce dernier a pris contact avec nous deux jours avant le départ. Cela m'a permis de le "googoliser". Le père Jean-Michel TOUR est un prêtre issu du renouveau charismatique. J'avais un peu peur car je suis plus proche des tradi que des chachas. Inquiétudes balayées; je me suis très bien entendue avec lui! Que de fous-rires nous avons eu lors de la lessive, etc. Je pense qu'effectivement au quotidien je ne serais pas sa 1ère fan, mais pour 10j la cohabitation a été bonne. Et elle m'a donné envie d'apprendre à le connaître et de m'intéresser un peu plus au renouveau charismatique.
Ce groupe était donc composé de 11 autres personnes. Toutes - sauf une - avaient l'âge de mes parents, voire de mes grand-parents. Je craignais un peu d'être ma gamine du coin. Et bien non, tout s'est très bien passé. J'ai été accueillie comme telle, on m'a écoutée au même titre qu'un autre. Ce groupe a été salutaire dans l'expérience : il nous permettait de partager notre ressenti sur ce qu'on vivait, de partager des points de vue, des coups de coeur, des révélations; il y a eu beaucoup de larmes! Je suis tombée - et c'est une de mes plus grandes joies du voyage - sur des convertis au sens premier du terme: des gens qui tournent leur coeur vers le Seigneur.
- un pays. Dès les 1ères minutes, j'ai retrouvé ce pays que j'aime tant. Cela a juste été un peu plus dur à supporter. Ici, point question de tourisme; nous vivions au coeur même de la ville. Certes dans le quartier des volontaires; mais nous y vivions, nous ne faisions pas que transiter! J'y ai découvert une ville encore plus polluée que New Delhi. C'est simple, on respirait pollution et noirceur! et quel bruit! il n'y a que ça. Et Mère Térésa voulant vivre au plus près des gens de ce pays a installé la maison mère sur un des plus gros boulevard. Nous n'entendions même pas les prières! Le bruit a été un peu lourd, un peu saoulant à la fin. MAis en même temps il demeurera à jamais pour nous Calcutta.
Un pays où la pauvreté est à tous les coins de rue. A se demander commen les soeurs ne sont pas découragées! pour une personne soignée, au moins 20 autres attendent! La pauvreté semble inépuisable. Mais malgré cette pauvreté, toujours cette sensation de sérénité. Les indiens ne semblent pas inquiets, stressés ou que sais-je encore. Non ils font avec et point. De même qu'ils sont courageux.
- une retraite extraordinaire. Pour cette retraite, nous étions des volontaires. Tous les matins, nous allions servir dans les centres créés par Mère Térésa. Pour ma part, je servais à Kalighat, ce qu'on a surnommé les mourroirs. Je ne l'ai pas vécu ainsi. Les tâches sont très pratiques, très concrètes. On n'est pas là pour jouer les Kouchner ou autre. La 1ère tâche en arrivant: faire la lessive. Quand je disais que c'est du terre-à-terre. La lessive de la nuit, les résidents se faisant souvent dessus. 4 énormes bacs dans lesquels on lave, on rince, on essore. Ca pue le Détoll, c'est irrespirable, mais on se marre bien; surtout avec le padre à s'arroser. Et après cela on va s'occuper des résidents. Leur faire des massages, leur servir le déjeuner, les coucher pour la sieste, les écouter parler en bengali alors qu'on n'y comprend rien, etc. S'il le faut rechanger une personne et son lit, etc. A 12h15 la cloche sonne la fin d'une matinée bien chargée. Mais d'une matinée offerte au Seigneur et surtout au cours de laquelle on voit le Seigneur. Chacun de ces malades sont le Christ en croix. Comment pourrait-on accepter ce qu'on fait au Christ et ne pas pouvoir regarder en même temps ces frères et soeurs malades. Défigurés, abandonnés, ils sont le Christ avant l'étape ultime. Et ce dernier de nous avoir dit " ce que vous ferez au plus petit d'entre vous, c'est à moi que vous le ferez". Et c'est vrai. Quand je mettais ma main sur un visage, dans le regard je sentais le regard bienveillant du Christ. J'ai l'impression de n'avoir que peu donné mais d'avoir énormément reçu. Ces visages, ces femmes restent dans ma mémoire et je ne veux en perdre un seul souvenir, une seulle miette. Elles sont mon poumons de ces 10j.
Tous les matins avant d'aller servir, après la messe, nous avions un envoi, en chanson, en prière par la soeur responsable des volontaires. Cet envoi est indispensable car il est notre force.
Tous les soirs ensuite, à 18h ou 18h30, 1h d'adoration. Quelle difficulté: se concentrer avec tant de bruit. Et puis on apprend et on comprend, qu'il suffit juste de se taire, de se laisser aller. Mais surtout de se mettre en Dieu dès le départ.
10j que les mots ne pourront réellement décrire, 10j qui travaillent votre vie. 10j qui vous mettent en rencontre avec le Christ, en communion avec Mère Térésa. 10j qui ne peuvent que se vivre, et j'invite tout un chacun à le faire; soit seul - mettez moi un message je vous dirai comment faire maintenant que j'ai les bonnes adresse - soit via ictusvoyage qui devrait proposer une nouvelle session rapidement.
10j qui m'ont changé et qui, je l'espère, resteront longtemps gravés en moi.
moi avec le Padre sur un rickshaw